1. |
Falaise
04:32
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Je suis une écaille dérivée des abysses
Une écume délavée des faiblesses
Je vis somme toute retirée des repères
Et ma poitrine af che les plumes de l’univers
Ecrouée comme l’hélice, dispersée
Face aux requins d’abondance, l’aileron er
Je marche dans une forêt de poussière, la lampe à la main éclaire le chemin, et je roule comme un sac sans sommeil, lourd de certitudes
Et d’un cri sourd la menue silhouette se fait terre, se fait dense, sous le vent
Et la main chaude abrite l’ennui
Je vise là où s’abrite le bruit
C’est au Céleste que tu renvoies ta trace J’irai cracher sur vos vague-à-l’âme
Crisse par où ça tresse, mes paupières plissent par dedans, vers et loin devant
Par toute la terre, partout le sang, la route est en arrière
Tricotte la mer, tricotte la mer
Danse, danse, danse, danse, crie le bien, mets-le en transe
Passe les barrières et trouve ton axe
Passe par le corps, trouve le silence
Ah!c’est comme une falaise Pour avaler le bleu
Où est-ce que tu te caches quand tu t’éloignes, quand tu ne t’épargnes pas
Quand en-dedans le ton monte, je me demande si vous aussi
Si les systèmes qui nous saturent sont les mêmes Quand tu te colmates de ciment
Quand les mots sortent
Quand ils ne sortent pas
Quand les mots sortent Quand ils ne sortent pas
Quand tu grinces, ton cri sera-t-il reçu par le monde?
Combien de pages à écrire pour ramener le calme Brochettes de vedettes
Pensée unique et rêves coupés courts Pour des gains à court termes.
Suivre les couleurs
Les eurs inconnues
Protéger le vivant de leurs brevets
Planter des arbres et des bleuets
Hors du temps Hors du temps Hors du temps Je sens bien que je n’ai pas vécu
Temps différent et drôles d’accents
De la cabane où vogue le vent
Hors du temps
C’est comme une falaise, pour avaler le bleu.
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2. |
Méditerranée
03:26
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Entre Gibraltar et Lampedusa
Les zodiacs tracent un sillon dans le noir Le moteur vrombit
Un vieux deux temps mal révisé
200 personnes à bord
Jouent leur vie au petit bonheur la chance
Et moi aussi, j’ai pris la mer
La méditerranée est un cimetière Face à elle, minuscule, terri ée,
Une petite coque de noix
au milieu du Tout
Chaque jour je pense
à cette sombre abysse
Et à ces longues traversées des enfers Qui font taire vos cœurs
et engloutissent vos souf es
Dans la totale indifférence
de notre grande basse-cour
J’ai pris la mer
Face à elle, je pense à toi
Madame la Faucheuse
Chaque jour me colle à la peau
L’idée mortelle de ces espoirs éphémères Aussi in mes qu’impraticables
Chaque jour me colle à la peau
La réalité de notre vie à durée limitée Notre migration accélérée
L’idée noire de votre mort à venir
Qu’un de vous se taise,
sans même le luxe d’un lit de terre
À la dérive dans un berceau de mer
Chaque jour me colle à la peau Chaque jour est un cadeau D’immensité et de beauté
Au milieu des vagues
et des étoiles in nies
Je ne suis presque rien
Rien qu’un bout de chair
qui pense à vous
Et qui prie avec ceux
et pour ceux qui restent
Que votre vie soit plus belle,
plus grande et enveloppée de douceur Que la mer soit clémente
Et que la mer soit clémente
Que la mer soit clémente.
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3. |
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On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l’Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l’Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l’Esprit de Vérité Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots
On supprimera le Sublime Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.
On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l’Esprit,
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.
Au nom de rien on supprimera l’homme ; On supprimera le nom de l’homme ;
Il n’y aura plus de nom ;
Nous y sommes.
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4. |
Narcisse
04:53
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Ô Narcisse, dans ton costume d’apparat, Tu brilles
Sur ta veste à paillettes,
Miroirs aux mille facettes,
Se re ètent nos plus profonds désirs
Ô Narcisse, qu’il est beau ce sourire Que tu offres pour mieux séduire Qu’elle est douce cette main
Qui atte tout un chacun
Cette même main qui un jour Anéantira les espoirs un à un
Ô Narcisse, comme tu sais y faire Lorsqu’il s’agit de plaire Amenant l’autre à se taire
Pour ne pas te déplaire
Ô Narcisse, quelle maîtrise dans l’art De souf er le chaud puis le froid
De susciter l’émoi puis l’effroi
De toucher un instant le sublime
Pour mieux nous entrainer dans l’abîme
Ô Narcisse, avec quelle délicatesse
Tu nous amènes à dévoiler nos faiblesses Celles que tu utiliseras plus tard
Lorsqu’il s’agira de combler les tiennes Usant et abusant de ton dard
Distillant tes idées pour qu’elles devien- nent miennes
Usant de mes idées pour qu’elles devien- nent tiennes
Prétextant la fusion
Pour ne pas nommer la confusion Noyant les doutes dans la déroute
Ô qu’importe le stratagème
Pourvu que ma lumière
Ne soit que pour toi
Qu’importe le nombre de je t’aime Pourvu que mon attention
Ne soit que sur toi
8
Ô Narcisse, vampire des temps modernes Tu n’es qu’un gamin capricieux
Auquel on n’a pas appris l’autonomie
Ô Narcisse, vampire des temps modernes Si je tiens à ma vie
Je ne peux que fuir
ce prétendu merveilleux
Ô Narcisse, miroir aux alouettes Tu ne me fais plus tourner la tête
Me voici libre
De ton emprise
Je n’en ferais plus qu’à ma guise Ivre de vivre
Ivre de rires
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5. |
Inuit
02:59
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La Meute Chabeuil, France
La meute a le goût des mots.
Ils peuvent être bruts, directs, incisifs.
Ils peuvent être doux, poétiques,
libérateurs.
La meute scande, slame, chante, crie, chuchote.
Le sens des mots, le sens du mot.
La meute vous invite à rentrer dans la transe,
À partager la même barque le temps d'une envolée musicale.
... more
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